Si vous cherchez du sucre en poudre, en vrac, en morceaux ou même du sucre glace, passez votre chemin. Il n’y en tout bonnement pas. Mais son retour ne saurait tarder.
A chaque période sa pénurie en Tunisie ces dernières années. Après la semoule et la farine longtemps recherchées sur les étalages et rayons des supermarchés, voici que le sucre fait des siennes. Lundi 18 juillet 2022, le centre-ville de Tunis grouille de monde malgré la chaleur et le temps des vacances. Un quidam dans la rue interroge un vigile à l’entrée d’un supermarché : « Y a-t-il du sucre par ici ?». Il reçoit une réponse négative, prié d’aller en chercher ailleurs. C’est qu’à l’’intérieur, le sucre blanc est introuvable. Il est aux abonnés absents. Il n’y a que du sucre de canne biologique à près de 11 dinars le kilo ou du sucre de dattes à 6 D les 300 grammes. Ce qui est impensable pour le Tunisien au moment où son pouvoir d’achat «a fondu comme neige au soleil d’année en année». Déjà qu’il est à 1,4 D le kilogramme… Les gens en ont ras-le–bol et n’hésitent plus à exprimer leur mécontentement sur place : « Ça ne peut plus continuer ainsi avec les pénuries ! ». En effet, avec la pénurie de sucre, il faut ajouter celle du riz et de l’huile végétale subventionnée qui menace carrément la couche la plus démunie de la population tunisienne.
Pendant ce temps-là, les pâtisseries continuent d’écouler tranquillement leurs marchandises et leurs présentoirs sont garnis de gâteaux de toutes les couleurs et saveurs. Mais de qui se moque-t-on donc ? Pourquoi le consommateur lambda n’en trouve-t-il pas? Les organismes de défense des consommateurs ont intérêt à réagir pour rétablir la situation et toucher là où ça fait mal, en pointant du doigt les fauteurs de troubles. Serait-ce encore un coup des spéculateurs et des intermédiaires qui mettent la main à la pâte et veulent se remplir les poches d’argent facile ? Malgré tout, le ministère du Commerce se fait rassurant.
Précisions du ministère du Commerce
Dans un communiqué rendu public le 16 juillet 2022 sur sa page facebook officielle, le ministère du Commerce et du Développement des exportations affirme au sujet du sucre que «cette substance est disponible en quantité suffisante pour répondre à tous les besoins dans diverses régions, et que des actions sont en cours pour assurer sa distribution et l’approvisionnement régulier de cette substance sur le marché, malgré les pressions enregistrées pour l’approvisionnement de certaines régions en sucre subventionné pour la consommation familiale ». On apprend qu’à l’instar de celles pour le café, le ministère a pris également toutes les mesures nécessaires pour fournir des quantités supplémentaires de farine subventionnée, qui sont destinées à la fabrication du pain pour la consommation familiale, afin de répondre à la forte demande pendant la saison estivale. Quant à l’huile végétale subventionnée, « à partir de la semaine prochaine, les procédures de déchargement d’une première cargaison de 6.000 tonnes seront lancées, suivies d’une deuxième cargaison de la même quantité, et elle sera distribuée sous la supervision des services du ministère pour assurer un approvisionnement régulier sur le marché de ce produit de base. Le ministère du Commerce et du Développement des exportations rappelle à tous les acteurs de la distribution des matières premières subventionnées la nécessité de respecter les règles de transparence et d’intégrité des transactions commerciales, et d’éviter toute infraction aux lois et règlements en vigueur, notamment en ce qui concerne le monopole, la spéculation illégale et les abus de prix qui les exposent à des sanctions judiciaires et administratives des plus sévères ». On ose espérer le retour rapide du sucre et de l’huile dans les rayons et sur les étalages…
D’ailleurs on a enregistré un bref retour dans les rayons des supermarchés la semaine dernière avec des sachets de 1 kilogramme disponibles, sauf que la disette continue d’avoir lieu. Même l’épicier du quartier qui rend de louables services aux clients fidèles pour s’approvisionner en produits de base comme la farine, et la semoule n’arrive plus à répondre aux demandes pressantes de ses clients. « S’ils ne trouvent plus de sucre, qu’ils consomment du sucre de canne», telle pourrait être la réponse hilarante inspirée de la célèbre réplique de Marie-Antoinette d’Autriche (ancienne reine française) sur le pain à son peuple qui criait famine en lui proposant du pain au chocolat, il y a plus de deux siècles.
